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EN Les lavabos à l’hôpital, source sous-estimée de contamination par des bactéries multirésistantes

En unité de soins intensifs, les lavabos constituent une source sous-estimée de contamination par des entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre étendu (EBSLE), selon une étude publiée jeudi par The Journal of Hospital Infection.

Les entérobactéries sont fréquemment à l’origine d’infections nosocomiales. La transmission de ces bactéries du tube digestif peut se produire via les mains contaminées des professionnels de santé.

En outre, la résistance de ces entérobactéries à un nombre croissant d’antibiotiques pose un problème supplémentaire, rappellent Delphine Roux du centre hospitalier universitaire de Tours et ses collègues.

Les lavabos ont déjà été identifiés comme sources d’infections en unité de soins intensifs. L’hypothèse d’une contamination lors de dépôt de fluides corporels a déjà été émise notamment parce que ces bactéries survivent et se multiplient sur des biofilms en milieu humide. Une fois contaminé, le lavabo devient un réservoir potentiel à EBSLE.

Les auteurs ont mené une étude multicentrique, pour évaluer si des mesures de prévention étaient prises pour éviter les infections associées à la contamination des lavabos dans les établissements de la région Centre. Ils ont réalisé des tests microbiologiques pendant un mois, en janvier 2013, dans chaque lavabo de toutes les chambres de 13 services de soins intensifs (134 chambres en tout). Parmi les 185 lavabos analysés, 31% étaient porteurs d’EBSLE, les plus nombreux était des Klebsiella.

Par ailleurs dans deux unités, plusieurs lavabos présentaient des EBSLE, ce qui suggère une diffusion épidémique, pointent les auteurs.

 

Conformément aux recommandations françaises, chaque chambre était pourvue d’un lavabo destiné au lavage des mains. De plus, 98% des chambres étaient dotées de deux lavabos, l’un pour les mains, l’autre pour les fluides corporels. Aucun des lavabos n’était utilisé pour déposer l’urine des patients.
La distance entre le lavabo et le lit des patients était rarement inférieure à 1 mètre. Des équipements protégeant des éclaboussures étaient installés sur moins de 10% des lavabos et le risque de contamination par les éclaboussures concernait 36% des lavabos.
L’équipe a repéré trois types d’unités de soins intensifs: celles dont les lavabos étaient non contaminés et équipés de protections, celles aux lavabos contaminés mais pourvus de protections et enfin celles présentant a priori le plus haut niveau risque, dont les lavabos contaminés n’étaient pas protégés. Parmi les unités examinées, 75% des lavabos étaient désinfectés quotidiennement.

 

Pour les auteurs, ces résultats indiquent que des facteurs pouvant contribuer à la diffusion d’infections nosocomiales par des EBSLE sont fréquents dans les unités de soins intensifs de la région Centre. Ils estiment que le risque de contamination via les éclaboussures devrait être réduit dans toutes les unités de soins intensifs. De précédents travaux ont démontré qu’il était nécessaire de réduire la pression d’arrivée d’eau lorsque le lit du patient était à moins de deux mètres du lavabo. Par ailleurs, l’équipe rappelle l’importance d’une désinfection quotidienne avec de l’eau de javel.

Source : The Journal of Hospital Infection.